2022-09-15 16:22:47
Le droit à la paresse est une référence au titre d'un livre communiste de Paul Lafargue datant de 1880. Ce dernier critiquait l'hyperconsommation. L'argument du livre était que la classe bourgeoise mourrait prématurément tant elle devait consommer tout ce qui se produisait en dessous d'elle.
C'est intéressant car le livre s'oppose avec force à la valeur du travail instituée par le communisme. Pour le communisme, le travail a une valeur intrinsèque indépendamment de sa valeur marchande. Lafargue, lui, dit que le travail doit avoir un sens et servir réellement.
Il argumente que l'amour du travail associé au progrès aboutit à la surproduction, qui est la maladie du capitalisme. La saturation des marchés. Le manque de consommateurs. A cette époque déjà, c'était un thème anxiogène. On se tournait vers les colonies en espérant y trouver des consommateurs.
On comprenait donc déjà que l'intérêt des colonies n'était pas les ressources ni la main d'œuvre. De la même façon, si on regarde l'histoire du début du XXe siècle, on trouvait déjà des accords commerciaux permettant à un pays de prêter de l'argent à un autre pour qu'il puisse se développer et acheter des produits. C'était le cas entre la France et la Serbie, ce qui a participé à l'engrenage de la Première Guerre Mondiale.
Ironiquement, le communisme n'a pas apporté l'abondance tant redoutée mais la misère totale. Donc la critique de Lafargue envers la gauche était assez infondée. Et 28 ans plus tard viendra le capitalisme fordiste avec la naissance et l'essor considérable des classes moyennes européennes. Ce qui repoussera considérablement le problème de la saturation des marchés. Puis il y aura la mondialisation, avec ce même espoir d'autrefois que la population mondiale pourrait consommer. Et puis... et puis nous voilà à aujourd'hui.
1.0K viewsPeter, edited 13:22