2021-12-12 15:32:01
#ProjetsSOS en #Egypte – Quand le travail de la terre permet de se connecter à l’essentiel !
Au monastère Saint-Jean, à 1h de route du Caire, les volontaires s'affairent dans les plantations des moines pour entretenir les oliviers, goyaviers et grenadiers et en récolter les fruits les plus mûrs. Dans le silence de ce lieu saint, ils en profitent pour se ressourcer et se recentrer sur l’essentiel.
« J’étais au début intrigué et admiratif devant leur façon de travailler, qui paraît encore très archaïque pour des yeux d’Occidentaux. Vêtus de galabeya, un vêtement égyptien traditionnel ample de la vallée du Nil, chaussés de sandales et perchés sur des échelles en bois, ils cueillent les olives puis les versent dans des cagettes. Dans cette tâche harassante, ils sont aidés par des paysans qui, socialement, se situent tout en bas de l’échelle. A titre indicatif, les chiffonniers du Caire sont plus reconnus que les paysans. Ce sont d’ailleurs souvent des paysans de Haute-Egypte qui viennent travailler dans les grandes villes en tant que chiffonnier.
Je trouve ces journées physiquement fatigantes mais mentalement et moralement reposantes. En effet, je considère que c’est une véritable bouffée d’air frais de pouvoir travailler au cœur d’une nature non polluée où le silence est roi ; ce qui contraste radicalement avec le Caire et ses 20 millions d’habitants.
Ces journées sont très structurées ! Nous quittons le Caire aux alentours de 8h, après 1h de route, nous arrivons au monastère Saint-Jean, où nous saluons et échangeons avec le Père Yohanna, responsable des cultures. Ensuite, nous nous recueillons dans l’église et prions pour confier notre journée de labeur et aux alentours de 10h, nous entamons notre travail dans les champs, la plupart du temps dans le silence.
Ces moments de paix intérieur sont l’occasion de réfléchir à tout ce qui nous passe par la tête ; que ce soient des questions futiles comme ce que nous allons manger à midi ; ou des questions plus existentielles sur le sens de la vie, de la mission. Quels sont mes désirs, mes rêves, mes projets ? Je laisse aller mon imagination débordante. Cette sensation d’être bien avec soi-même et d’avoir l’impression de se parler à soi est très puissante et rend heureux. Quelques fois, il m’arrive de fredonner des chansons et d’autres fois nous chantons à tue-tête avec les volontaires.
Nous parlons peu entre nous mais finalement j’ai le sentiment que les liens et les souvenirs qui se créent sont tout aussi voire plus forts.
Les conditions de travail ne sont pas évidentes ! Nous travaillons sous un soleil de plomb, la plupart du temps à quatre pattes pour arracher à la racine les liserons et autres plantes nocives aux cultures. Puis, assis dans l’herbe, à l’ombre des arbres du jardin, nous partageons le repas avec le Père Yohanna.
Ces pauses sont souvent accompagnées d’une sieste digestive sous un soleil chatouillant traversant aléatoirement les branches des arbres. L’herbe grasse et humide rappelle des sensations que je retrouve dans mon jardin en France.
L’après-midi, nous reprenons le travail mais avec la fatigue accumulée nous sommes généralement moins efficaces et les pauses sont plus nombreuses. Le plus souvent sollicitées par les paysans, elles sont un baume au cœur et marquent par leur simplicité. Je garde ainsi en tête un souvenir mémorable d'une de ces pauses à l’ombre des oliviers. Alors que l’un d’eux nous sert le thé dans une espèce de vieux pot de confiture en verre, un autre dessine grossièrement un tableau de neuf cases sur le sol sableux et me fait signe de commencer. Nous entamons donc des multiples parties de morpion, essayant tour à tour d’aligner trois croix ou trois ronds, sans prononcer aucune parole car lui ne parle pas anglais et moi je ne parle pas arabe mais les signes et les sourires suffisent à nous comprendre.
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