2022-02-17 12:25:54
#ActuOrient - Accusé de blasphème, un chrétien est battu à mort par une foule enragée.
Le 3 décembre 2021, Priyantha Diyawadanage, un chrétien père de 2 enfants, a été battu à mort puis brûlé par une foule en colère. Un assassinat macabre basé sur des rumeurs circulant parmi ses assassins : il avait déchiré et jeté à la poubelle des affiches sur lesquelles figuraient le nom du prophète Mahomet. Mais dans les faits, que s’est-il passé ?
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Priyantha était originaire du Sri-Lanka et travaillait comme manager dans l’usine Rajco Industrustries de Sialkot. Mais ce 3 décembre, un geste de sa part à mis le feu aux poudres.
Alors qu’une dizaine d’ouvriers pakistanais se rassemble devant l’usine, sous l’impulsion de membres du TLP (Tehreek-e-Labbaik Pakistan), un parti politique fondamentaliste, des rumeurs s’emparent très rapidement de la ville. Priyantha aurait déchiré des affiches portant le nom du prophète Mahomet, commettant ainsi le blasphème suprême.
Des allégations contredites par l’un de ses collègues, présent au moment des faits, qui affirme que Priyantha n'avait fait que les déplacer, car l'espace où elles se trouvaient devait être nettoyé.
Craignant pour sa vie, Priyantha se précipite sur le toit de l'usine et tandis qu’une foule nombreuse se masse aux abords, scandant des slogans anti-blasphèmes, il s'accroche désespérément à son collègue Malik Adnan, qui tente de le protéger.
Puis, tout va très vite. Des vidéos glaçantes, circulant sur les médias sociaux, montrent la foule le jetant au sol, lui arrachant ses vêtements et le battant sans pitié ave des barres de fer.
Alors qu’il ne bouge plus et pour clore cet acte macabre, les enragés mettent le feu à son corps inerte pendant que d’autres se prennent en selfies avec le cadavre.
Le rapport d’autopsie est sans appel. Tous ses os, à l'exception d'un pied, ont été brisés et son corps a été brûlé à 99 %. Ses organes vitaux, le foie, l'estomac et l'un de ses reins, ont été touchés. Des marques de torture sont visibles sur tout son corps et sa moelle épinière a été brisée en trois points différents.
Un meurtre basé sur des mensonges puisque les premiers éléments de l’enquête donnent raison au témoin : les affiches ont été retiré en raison de travaux de rénovation en cours dans le bâtiment.
Son épouse, Nilushi Dissanayaka, a appelé les gouvernements du Pakistan et du Sri Lanka à mener une enquête approfondie pour « rendre justice à mon mari et à mes deux enfants ».
Le Premier Ministre pakistanais Imran Khan s'est indigné de ce meurtre sur Twitter, déclarant ce jour comme « un jour de honte pour ce pays. » Il assure également que suite à cet horrible acte de cruauté, la police a arrêté plus d'une centaine de personnes et espère que les coupables seront punis sévèrement par la loi.
Au Pakistan, la menace d'être accusé de blasphème est comme une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête de chaque chrétien. Une parole, un acte mal interprété et c'est la mort. Même une rumeur peut servir de prétexte à l'assassinat d'un innocent.
Alors en ce début d’année, gardons dans nos prières la famille de Priyantha, qui repose désormais dans son village natal au Sri Lanka et les chrétiens pakistanais qui, chaque jour, peuvent être assassinés sur simple accusation.
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Les auteurs présumés étaient membres du TLP, tristement célèbre dans le pays et auprès du gouvernement, pour ses opinions islamiques extrémistes. L'objectif principal du groupe est de protéger les lois sur le blasphème et de punir les blasphémateurs. En d'autres termes : de faire justice eux-mêmes.
Jusqu'à très récemment le parti avait été interdit d’exercice par Imran Khan, le premier ministre pakistanais. Mais l'organisation a été "réhabilitée” après que ses membres eurent organisé de violentes manifestations demandant l'expulsion de l'ambassadeur de France suite aux caricatures "blasphématoires" publiées en France.
Sources : BBC News, Portes Ouvertes, Dawn
https://www.bbc.com/news/59501368
https://www.dawn.com/news/1662808
https://bit.ly/3Ko7SGS
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