2022-03-01 19:34:49
Pavé, César !
Merci de prendre le temps de le lire.
1) Je ne sais pas si vous avez remarqué — pour ça il faut en avoir fréquenté quelques-uns — mais les musiciens sont tous un peu gauchistes. Je parle des compositeurs. Plus ils sont doués, plus ils sont gauchistes. Il n'est pas évident de développer une amitié avec eux, leur cerveau est rempli de notes et de mélodies, il n'y a pas de place pour vous et pour les petites problématiques du quotidien là-dedans.
En cherchant un point commun entre tous ces musiciens, on le trouve rapidement : une sensibilité exacerbée. Ils ne voient pas des choses (grossières, évidentes) que nous voyons, mais ils voient des choses que l'on ne voit pas. Ils ont des avis qui paraissent enfantins, mais qui tendent vers un absolu, qui ont un fond humaniste qui, considéré sans
a priori, est tout à fait honorable.
Le sensibilité de ce genre de personnes est toujours prise de haut par la droite, qui confond sensibilité et sensiblerie, et assimile tout cela à de la faiblesse.
Le mépris pour les sens, le sentiment, en un mot l'émotion, explique en grande partie pourquoi nos idées sont impopulaires. J'ai convaincu plus de gens de la sincérité de mon engagement, en pleurant de manière incontrôlée, quand Tepa est mort, que dans la plupart de mes autres vidéos. Parlez d'un sujet d'actualité et tous les droitards seront au garde à vous, d'accord ou pas avec vous mais présents pour consommer ce produit. Dès que vous proposez de l'artistique, ils ne font même pas semblant de s'y intéresser (les vidéos ne sont même pas cliquées, y compris par ceux qui sont abonnés à la chaîne). Ok c'est une moyenne, certains s'y intéressent mais ce n'est pas majoritaire.
On se demande souvent pourquoi les chaînes de critique de Musique ou de Cinéma qui ont du succès sont tenus par des gauchistes. Ce n'est pas uniquement parce que Youtube les met en avant, c'est parce que le public de gauche les regarde. C'est le public de droite qui condamne les initiatives culturelles à l'échec, parce que ce public manque de sensibilité et de curiosité. Il sacralise "l'efficacité" de l'essai politique ou de l'analyse d'actualité, alors qu'il n'y a rien de plus volatile et fragile. Les conflits et les régimes politiques changent, on les oublie. Beethoven est éternel.
A tort, on pense que la droite est gardienne de la culture, parce que contrairement à la gauche, elle respecte l'Art classique. C'est faux. Ce qui compte, ce n'est pas la muséification de notre passé (c'est aux archiveurs de s'en occuper, et même quand ils sont de gauche, ils font généralement le boulot) mais la créativité du futur, et elle est toujours dans les mains de la gauche. La gauche produit les oeuvres décadentes, mais aussi les oeuvres belles et contemporaines (Yann Tiersen, compositeur d'
Amélie Poulain, est de gauche, Stephen King aussi, et à peu près tous les réalisateurs de cinéma qu'on admire). La droite d'aujourd'hui conserve le passé artistique comme une fierté patrimoniale, mais c'est un univers auquel fondamentalement, elle ne comprend rien, et dont elle parle comme d'un défunt.
Les moyens de communication sont tels aujourd'hui, que l'émotion est devenue le moteur essentiel des dynamiques politiques. Maîtriser l'émotion collective, c'est maîtriser l'opinion des gens. Greg Johnson l'explique parfaitement dans son manifeste nationaliste que j'ai commenté longuement ici : Le "soft power" de la gauche occidentale, c'est le vrai pouvoir. On ne peut pas y répondre par un hard power, qui sera diabolisé par tous les plus grands génies que contient l'autre camp (en plus de ses moyens financiers colossaux mais ATTENTION : la droite a de l'argent, elle l'épargne ou le dépense inintelligemment, jamais en investissement sur l'avenir).
On ne luttera contre le soft power que par un soft power plus efficace encore. Une armée d'oeuvres métapolitiques qui bouleverseront les codes moraux de la jeunesse blanche. Gramsci a théorisé cela mais d'une manière trop impénétrable et intellectuelle pour être compris par notre camp.
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148 viewsPeter, 16:34