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l’atteinte à cette institution fondatrice de la République, su | Juan Branco

l’atteinte à cette institution fondatrice de la République, sur quelque chose qui sort des luttes théologiques qui ont amené Daesh à cibler le Bataclan et les bars du 11e arrondissement. On rentre dans quelque chose de beaucoup plus grave et profond. On n’est plus sur ce qu’alors je considérais être le fruit des compromissions de nos dominants avec des régimes avariés. Moi qui travaillais sur ces sujets au Quai d’Orsay, j’avais vu comment nos diplomates se vantaient d’avoir passé des accords avec l’Arabie Saoudite et le Qatar pour financer les groupes terroristes, et j’avais démissionné en prévenant que cette violence, contre nous, se retournerait.

J’avais prévenu, et c’est sur ce fondement que je voulais participer à ce procès, pour démontrer notre responsabilité, dans ce sang par notre jeunesse versé.

Mais aujourd’hui les enjeux se sont diffractés. Nous ne sommes plus dans cette perspective. Ce pays a rompu soudainement avec sa tradition catholique. Cimentée sur plus d’un millénaire, elle a, du jour au lendemain, cessé d’être enseignée. La laïcisation s’est accompagnée d’un aveuglement complet vis à vis de notre passé. Comment comprendre qui nous sommes et pourquoi de telles haines nous sont vouées, si nous ne savons plus même ce que sont les évangiles, qui ont fondé notre action politique et notre cohésion sociale pendant des siècles ? Comment construire une République en niant le passé ? C’est là peut-être, avec la corruption et l’avilissement indécent de nos élites, la principale faute de notre pays le siècle dernier. Avoir trop cru en le progrès, sans prendre en compte la nécessité de continuer à expliquer, raconter, explorer ces racines chrétiennes, y compris d’une façon laïcisée.

Cela nous a abêti, exposé, et déstructuré. Aujourd’hui, nous en payons le prix.

6. À certains égards, votre critique du pouvoir semble culminer en une détestation du pouvoir. Le pouvoir est-il toujours et nécessairement tyrannique ? 

Le pouvoir est un mal nécessaire. Je suis sorti de l’illusion de pureté, qui consistait à croire en des révoltes destituantes. Pour frapper dans la chair l’ennemi, il faut certes le dessaisir, mais aussi le remplacer. Mais pour le faire, il faut trouver les cordes sur lesquelles frapper pour resynchroniser le pays. On ne peut procéder à une révolution ou un coup d’État partiels, qui laisse une partie de la population sur le côté.


J’ai grandi dans un monde privilégié, où tous avaient le réflexe d’oublier la raison de leurs privilèges, et même l’idée qu’ils bénéficiaient de privilèges, usant et abusant de leur pouvoir pour exploiter, abuser, humilier ceux qui sous eux se trouvaient, recouvrant le tout sous des principes factices et avariés. Qu’est-ce que le mérite à l’heure où 90% des étudiants de l’ENS et de Polytechnique sont des enfants de CSP+ et de chefs d’entreprise ? Se rend-on compte du gâchis de potentiel, lorsque la sélection de nos dominants se fait sur une base à ce point resserrée ?

Cela m’a apporté un dégoût profond pour toute forme de complaisance. La hiérarchie ne saurait être tolérée, comme mal nécessaire, entre êtres humains, qu’au prix de grandes sacrifices pour celui qui occupera des responsabilités. Il faut que le politique et le pouvoir soient des sacerdoces. Je m’astreins à une exigence brutale et croissante à mesure que ma parole prend du poids et que mon rôle social s’accroître. C’est à cette seule condition que je peux tolérer cette notion. Il faut retrouver un sens de la responsabilité.

Si j’ai pu donner l’impression d’arrogance et de suffisance, c’est au contraire du fait d’une ravageuse exigence vis à vis de l’autre, d’un quelconque autre qui se penserait appelé à participer aux affaires de la cité, que je m’applique avec une rage accrue à mon propre sujet.


7. Vous n’avez pas de mots assez durs contre « nos élites » que vous accusez des pires vilenies en plus d’être hors-sol ? N’avez-vous pas le sentiment de grossir le trait ? 

Je pense que poser cette question, c’est être dans une forme d’aveuglement ahurissant au regard de la dégradation de notre pays. Il suffit