2021-09-06 21:00:30
LA JEUNESSE SE SOUVIENT (ET SE SOUVIENDRA LONGTEMPS) !
JEAN-PAUL BELMONDO (1933-2021)
Hier je mets une photo de lui sur cette page, dans un de ses grands films avec Gabin, et ce lundi il meurt.... Jean-Paul Belmondo est mort et il ne reste plus que son copain, contemporain et grand rival français Delon, terriblement seul et douloureusement survivant de toute une Atlantide. La chose est connue : Delon était beau, Belmondo était sympa, et ainsi allait notre cinéma pendant une trentaine d'années essentielles...
VU D'ABORD A LA TELE...
Mon plus vieux souvenir de Belmondo ? Voyons, c'était justement une collaboration, suivi d'une confrontation procédurale, avec Delon, le Borsalino de Jacques Deray (1970) : Delon y était donc très beau, Belmondo très sympathique... Bon et sans doute au hasard de la télé à 2 ou 3 chaînes, je vis Belmondo en soldat gavroche de la débâcle de l'an 40 dans l'excellent Week-end à Zuydcoote d'Henri Verneuil (1964) ; en curé de campagne à soutane très sérieux dans Léon Morin prêtre de Jean-Pierre Melville (1961). Et puis bien sûr, il restera le Tintin français bondissant de l'Homme de Rio de Philippe de Broca (1964) qui continue dans mon souvenir à courir dans le désert moderniste de Brasilia ; le Cartouche bandit au grand coeur et pas trop historique (encore de Broca, 1962). Et puis il y a ce film hussard ou en tous cas " blondinesque ", Un Singe en hiver (1962) où, comme Delon, un Belmondo de 29 ans affrontait le commandeur Jean Gabin, et remportait ce défi dans une petite station balnéaire normande de rêve.
Je commençai sans doute à le voir dans une salle obscure avec Les Mariés de l'an II de Rappeneau (1971) où déjà Bebel perçait sous Belmondo qui nous refaisait - et c'était très réussi - l'homme de Rio en tricorne révolutionnaire. Et la même année - on allait beaucoup au cinéma quand on était lycéen ! - Le Casse d'Henri Verneuil, où JPB jouait un gangster high-tech embêté par l'inspecteur Omar Sharif dans la Grèce des colonels. Et un peu plus tard encore L'Héritier de Philippe Labro (1972) : là il était le golden boy qui montait, dans une Italie dangereuse et soit-disant à la veille de tomber aux mains des néo-fascistes.
Et puis, et puis... Bébel vint enfin, dans des films de super-flics sportifs à très grand public et qui n'ont pas tous volé leur immense succès : Peur sur la ville de Verneuil (1976) avec son inoubliable numéro de " saute-métro ", où Bébel faisait son Jean Marais non doublé en blouson de cuir et pattes d'éléphant, bien sûr, mais aussi mes préférés : L'Alpagueur de Philippe Labro (1976), qui vaut surtout par le méchant du film, l'inquiétantissime Bruno Cremer ; et encore Le Professionnel de Georges Lautner (1981), avec ses répliques politiquement incorrectes (aujourd'hui) et son duel palpitant avec le très malsain commissaire Rosen/Robert Hossein.
IL Y EUT UNE VIE AVANT BEBEL...
Evidemment des pitreries acrobatiques comme Le Guignolo, les Morfalous, Le Magnifique, ou L'As des as allaient enfoncer notre héros dans une case " divertissement franchouillard à gros moyens " qui tendrait à faire oublier qu'il avait été différent et plus intéressant, " avant "..
Avant ? En fait il m'a fallu vieillir un peu, cesser d'aller au cinéma en somme, pour le découvrir vraiment ce Belmondo originel : les happenings de Godard, A bout de souffle qui commençait une décennie sur un ton nouveau sinon passionnant et puis Pierrot le fou, dont je n'ai retenu que la fin kamikaze et la magnifique photo de Raoul Coutard ; des policiers tragiques comme Un nommé La Rocca de Jean Becker (1961) et le Doulos de Melville (1962), La Scoumoune de José Giovanni (1972), et aussi L'Aîné des Ferchaux (1963) sur le tournage duquel Belmondo faillit tarter Melville, qui rudoyait le vénérable et estimable Charles Vanel : tiens c'est vrai que Belmondo a été un grand acteur melvillien, comme Delon ! Allez je citerai encore Le Corps de mon ennemi d'Henri Verneuil (1976), film policier et chronique sociale d'une ville du Nord, qui voit notre acteur osciller encore entre Belmondo et Bebel mais servir très bien cette
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