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Bien que la mémoire tende ces derniers temps à être ensevelie | Infos ZAD

Bien que la mémoire tende ces derniers temps à être ensevelie sous l’afflux de communiqués victorieux promettant en sus l’entrée des terres occupées dans le carcan de la loi, nul ne peut cependant oublier que c’est avec d’autres perspectives en tête que nombre d’attaques et de sabotages ont pu fleurir dans le coin contre le monde de l’aéroport (sans parler des dizaines d’actions solidaires ailleurs ou des périodes d’affrontements avec la flicaille), et ce dès le début offensif de la lutte.
Ainsi en fut-il avec l’opposition aux travaux préliminaires (piquetages et forages géo techniques, aménagement de voies d’accès) ou aux huissiers dès 2010, avec l’occupation-saccage d’une partie de l’aéroport actuel de Nantes Atlantique au Bouguenais en juillet 2011, avec le sabotage du chantier d’extension de la quatre voies Sautron/Vigneux-de-Bretagne en mai 2012, avec l’incendie d’engins du tram-train à Nort-sur-Erdre en novembre 2012, avec l’incendie de la voiture du vigile de Vinci à Fay-de-Bretagne en novembre 2012, avec le sabotage à la masse de sept poteaux électriques sur le tracé du futur barreau routier en mars 2013, avec le sabotage à trois reprises du relais de téléphonie mobile à Vigneux-de-Bretagne en juillet, septembre et octobre 2014, ou avec le saccage de la station Total à Temple-de-Bretagne en février 2016. Plus récemment aussi, ces possibilités ont pu déployer leurs ailes pour attaquer biologistes (venus étudier le triton marbré à Vigneux-de-Bretagne, en avril 2015), riverains collabos (hangar et réserve de paille d’un agriculteur hostile incendiés à Vigneux-de-Bretagne en novembre 2012, saccage de la maison des époux Lamisse en janvier 2016 à Notre-Dame-des-Landes), journaflics (voitures de France 3 à la barre de fer en octobre 2016), ou politiciens (voitures de France Bleu Loire Océan et Mélenchon souillés avec de la merde en mars 2017).
Pour aménager des niches au sein de l’existant, l’option réformiste est sans doute la meilleure, et les partisans de la conflictualité alternée disposent d’une longueur d’avance historique en matière d’intégration et de récupération des luttes. Quant aux autres, il reste toujours un monde entier à attaquer, dans lequel les possibilités affinitaires autonomes expérimentées au grand dam des compositeurs et de leurs alliés à partir et autour de la lutte contre cet aéroport, sont toujours vivantes.

A Notre-Dame-des-Landes gît un cadavre: celui d’une composition en bonne et due forme qui a définitivement explicité, une fois mise au pied du mur, à la fois avec qui (l’État) et contre qui (les incontrôlés) elle souhaitait bâtir son petit monde opportuniste, mais aussi quel était le prix à payer lorsqu’on laisse politiser en paix les autoritaires organisés de façon plus ou moins visible. C’est une bonne nouvelle, car l’odeur toujours plus insupportable de ce cadavre ouvre mille autres chemins. Vers une liberté en actes, cette fois.

[Publié dans Avis de Tempêtes n°3, 15 mars 2018]