2022-08-13 20:43:04
@terrabellum fait le point sur la stratégie russe en Ukraine en tentant d'expliquer le phénomène des changements de rythmes, souvent lents et parfois localement rapides, dont l'armée russe nous a déjà habitué en Syrie depuis 2015.
L'idée globale est intéressante : mener une longue guerre d'usure et d'opportunisme contre l'adversaire, sur le plan militaire, économique, diplomatique etc, y compris en Afrique. Nous avons déjà abordé cela ces derniers mois au printemps et en début d'été, y compris avec une émission de Bernard Lugan, je ne reviens pas dessus.
Dans l'idée d'améliorer le contenu, voici quelques critiques :
Tout d'abord, le contexte préalable au conflit de février 2022 n'est absolument pas pris en compte. Or, dès le 1er décembre 2021, il s'est tout de même passé quelque chose d'essentiel à ne pas manquer, dont un ultimatum s'achevant le 19 janvier, qui montre que le conflit ukrainien n'est qu'un minuscule élément dans un conflit géopolitique majeur contre l'hostilité de l'OTAN. J'ai couvert cela en temps réel, mes propos de l'hiver passé ne laissent aucune place au doute. Vous retrouverez les articles sur ma chaîne et regroupés en annexe de cet article.
Ainsi, dire que la Russie aurait été surprise par l'implication de l'OTAN en Ukraine est bien naïf. Cela ignore tout le contexte préalable au conflit. Si la Russie souhaitait entraver l'approvisionnement grandissant de l'armement OTAN, qui avait commencé dès l'hiver (les Javelin et Nlaw ont été livrés bien avant le conflit), elle aurait au minimum coupé les communications automobiles et ferroviaires au niveau du Dniepr ou dans l'ouest du pays, ce qu'elle n'a jamais tenté de faire.
De plus, je rappelle que VVP a invité en mars 2018 l'occident à choisir entre le suivre dans une nouvelle course aux armements, ou coopérer. Cela a eu exactement l'effet recherché : l'oligarchie de l'armement US est tombée dans le piège de la provocation, et a relancé son immense blanchisseuse d'argent public, pour contrer les images de synthèse montrant, d'après les promesses, des armes hypersoniques.
Sur l'assaut spectaculaire contre Gostomel, il est regrettable de ne pas souligner le coup de Poker qu'a tenté avec brio le GQG russe, pour obtenir un coup d'Etat à Kiev, je le mentionnais déjà à J+3... Le fait que ça n'a pas fonctionné n'en retire pas la nécessité de tenter le coup, et si c'était à refaire, je le soutiendrais une fois encore.
Sur la présence de Manpads empêchant l'utilisation de l'aviation en basse altitude, aucune surprise, la situation est identique en Syrie, à Idleb, où la densité de Manpads est pourtant nettement inférieure à l'Ukraine. La différence est en haute altitude, cela est possible en Syrie si la Turquie le tolère, ça ne l'est pas en Ukraine, puisque la Russie n'a pas tenté d'éliminer 100 % de la DCA de moyenne et longue portée ennemie, ni la chasse ennemie.
Sur les « reports » des référendums de réintégration à la Russie, ceux-ci n'ont jamais été reportés, il a toujours été dit qu'ils seraient tenus après la libération des territoires de LDNR.
S'agissant de Kherson et Zaporozhye, les
rumeurs ont toujours parlé de l'automne 2022.
Je serais toutefois curieux d'obtenir la lecture des conflits syrien, arménien, libyen, avec l'angle de lecture proposé, sachant que j'ai déjà formulé ma réponse, en me basant sur le conflit libyen.
Il n'y a, je pense depuis plusieurs années, comme le dit également @terrabellum, pas de frontière entre la politique et la guerre, l'un et l'autre font partie des outils à disposition d'un dirigeant, et conserver des conflits ouverts/gelés permet de conserver cette pression militaire, cette option militaire,
sous disponibilité immédiate.
Je l'expliquais le 5 août : c'est à la base du jeu relationnel entre la Russie et la Turquie, qui font grand usage de la diplomatie, des embargos commerciaux, des guerres, des accords militaires temporaires, des accords économiques, et ainsi de suite, il n'y a donc rien de nouveau en 2022.
980 views17:43