SPLEEN Quand l’astre de la nuit n’est plus qu’un trou béant S | Romain Guérin

SPLEEN

Quand l’astre de la nuit n’est plus qu’un trou béant
Sur un tchador râpé, émaillé de poussière,
Recouvrant une femme au gros groin maugréant,
Qui mange ses enfants, sorcière carnassière…

Des grêlons incarnats giclent sur mes carreaux,
Comme le sang de Dieu sur la peau des fidèles,
Après le coup fatal de l’ignoble bourreau,
Qui lynche les héros contre quelques shekels.

Quand votre doux soleil n’est qu’un ulcère ardent,
Dans un ventre indigo qui rageur me digère,
Et que le vent câlin et ses souffles charmants,
Sont les derniers soupirs du cancer de la terre…

De la boue en flocons dégueule du ciel noir,
On dirait la bouillie de cent plumes cireuses,
Un vieux film d’horreur se pose sur le soir :
Il raconte la vie de l’humanité creuse.

Extrait de « Bisous Noirs » disponible ici : http://romain-guerin.com

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