2022-02-10 21:37:50
J'attendais de voir s'ils se formaient pour en parler, il semble maintenant acquis que des convois se sont rassemblés et que certains sont en route pour Paris. Plusieurs scénarios :
- Soit le mouvement ne prend pas, contrairement aux Gilets jaunes, auquel cas la macronie ne sera pas dérangée et pourra s'en tenir à son calendrier en ce qui concerne la levée du passe et l'annonce de la candidature. Le pouvoir aura effacé les manifestations estivales 2021 et la tentative de mouvement de février 2022, ce qui le confortera dans sa toute-puissance, avec les conséquences dangereuses que cela est susceptible de provoquer compte-tenu du caractère déjà hors-sol et autoritaire de la macronie.
- Soit le mouvement prend et crée des situations similaires à celle d'Ottawa, c'est-à-dire des blocages & une tension croissante qui déboucheront immanquablement sur des évacuations par la force et des affrontements si des éléments énergiques et déterminés rejoignent un mouvement qui pour le moment a l'air plutôt bon enfant. Exactement comme les Gilets jaunes qui ont commencé avec trois retraités sur un rond-point perdu dans la Creuse pour finir en vagues énormes à Paris. Auquel cas, la macronie n'aura qu'à lever le passe pour que tout le monde rentre chez soi. Contrairement aux Gilets jaunes qui n'avaient pas des revendications aussi claires et circonscrites, les convois ont, quant à eux, un objectif précis qui est de faire lever le passe. Pour Macron, désamorcer la crise sera simple, il lui suffira de lever le passe.
- Piège. Cela dit, si Macron lève le passe alors que le mouvement est installé, sa base électorale, qui le soutient en grande partie parce qu'il «emmerde les non-vaccinés» et qu'il assume sa politique sanitaire covidiste, ne comprendrait pas que leur roi cède à la plèbe «complotiss et antiouax». Elle y verrait un signe de faiblesse contre des gens qu'elle veut voir se faire charger sans pitié par des lignes de CRS.
- Mais Macron ne peut pourtant pas maintenir son passe, et ce pour plusieurs raisons : 1) la troisième dose a commencé il y a plusieurs mois, or il n'y a pas de quatrième dose prévue en population générale, ce qui en soi abolit le passe tout simplement puisque le passe est assujetti au nombre de doses. Certains ont déjà leur troisième dose depuis plus de six mois, délai de péremption d'une dose du point de vue du passe. Sans l'annonce rapide d'une quatrième dose en population générale, le passe n'a plus lieu d'exister, et il n'y aura pas de quatrième dose, en tout cas pas avant l'automne prochain. 2) la pression internationale : tous les pays ont abandonné ou abandonnent leur passe, il est intenable que la France s'entête dans une mesure abandonnée partout ailleurs.
- Mais Macron ne peut pourtant pas lever le passe trop vite, par exemple il ne peut pas le lever dans les prochains jours car cela serait interprété comme un acte de peur devant les convois naissants. Mais s'il attend que ce mouvement s'implante, il sera alors contraint de lever le passe à un moment où, là encore, cette levée pourra être interprétée comme une concession aux manifestants, ce que Macron ne peut pas se permettre politiquement.
- Il est donc indispensable pour Macron que le mouvement ne prenne pas, sans quoi la situation deviendrait compliquée pour lui. Le pouvoir va donc chercher à le tuer dans l’œuf, avec des chances que cela radicalise le mouvement au lieu de le disperser. Il va y avoir aussi, dans les prochains jours, une grosse offensive médiatique de la macronie pour faire passer les convois pour des repères de cinglés et de conspis, de manière à diriger l'opinion contre les manifestants, les rendre impopulaires au point de faire accepter à l'opinion les éventuels actes de violence que Macron pourrait commander à sa police en direction des manifestants. Schéma Gilets jaunes, encore.
- À ce stade, difficile de savoir s'il s'agira d'un pétard mouillé ou d'un fantastique feu d'artifice pour fêter dignement la fin du mandat de Macron, et lui rendre la monnaie de sa pièce.
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