2022-05-04 15:11:05
Carnet de campagne : « Eh ben voilà Robocop ! »
Mardi 3 mai, Berteaucourt-lès-Dames
« Je me suis fait opérer de la rotule. Et avant, c’était l’épaule, la main, le pouce…
- A cause de votre travail ?
- Oui, et puis les années de ménage d’avant, je faisais les bureaux. »
Mauricette travaille aujourd’hui chez Id-Logistics, dans les entrepôts de Auchan, sur la Zone industrielle d’Amiens, à l’entretien : « Je bouge les palettes, et je balaie. »
Ou plutôt, elle travaillait.
A 60 ans, elle est trop fatiguée, trop usée.
« Pourtant, j’aime mon travail. Le contact avec les collègues, l’équipe du matin, l’équipe d’après-midi. C’est vraiment que je ne peux plus travailler. Quand j’arrivais au boulot, comme j’avais une attelle et une genouillère, j’entendais “ben voilà Robocop !” C’était pas gentil, tout n’était pas rose. Ça m’a mis en dépression. Le syndicat m’a défendu, et j’étais à nouveau contente. Mais je ne peux plus. »
Elle se retrouve dans un entre-deux, dans le brouillard de l’invalidité, peut-être de l’inaptitude : plus en emploi, pas encore à la retraite. A 60 ans, la moitié des Français, la moitié des Françaises, sont sortis de l’emploi. A cet âge, 40 % ont une santé altérée. Et le taux de séniors au RSA a plus que doublé, augmenté de 152% en dix ans.
Bien sûr, en repoussant l’âge minimal de départ à 65 ans, que produirait une réforme Macron ? Toutes les Mauricette du pays verront s’allonger ce temps de brouillard, de flou, d’incertitude. Leurs revenus, déjà modestes, diminuer encore, aux frontières de la pauvreté. Les pensions s’effriter, par les trimestres non cotisés.
Et tout ça pour quoi ? Un chroniqueur des Echos répond : pour « la baisse des impôts de succession – laquelle ne bénéficiera qu’à 20% des ménages, les plus fortunés ». Macron 2, comme Macron 1 : « Robin des bois à l’envers », qui prend aux pauvres pour donner aux riches…
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