2022-01-03 09:14:01
Poème engagé de Martin Le Franc (1410-1461), prévôt de Lausanne et secrétaire du pape Félix V, in Le Champion des Dames.Vray est, ouÿ l’ay, je m’en crois,
Que les vielles, ne deux, ne trois
Ne vingt mais plus de trois milliers,
Vont ensemble en aucuns destrois
Veoir leurs dyables familiers. [...]
Quant tu sçauras leur puterie,
Toutes les vouldroye v[o]ir arses [brûlées],
Et n’est au monde flaterie
Qui leur fait puis torner a farses.
Je te dy avoir veu en chartre [prison]
Vielle, laquelle confessoit,
Aprez qu’escrit estoit en chartre [charte],
Comment, dés le temps qu’elle estoit
De seize ans ou poy s’en faloit,
Certaines nuis, de la Valpute [vallée des Hautes-Alpes]
Sur ung bastonnet s’en aloit
Veoir la sinagogue pute.
Dix mille vielles en ung fouch [une troupe]
Y avoit-il communement,
En fourme de chat ou de bouch [bouc]
Veans le dyable proprement
Auquel baisoyent franchement
Le cul en signe d’obeissance,
Renians Dieu tout plainement
Et toute sa haulte puissance.
Là faisoient choses diverses : Les unes du dyable aprenoient
Ar[t]s et sorceries perverses,
Dont plusieurs maux elles faisoyent [...]
Et sachiez qu’en la departye
Chacun sa chascune prenoit,
Et s’aucune n’estoit lotie
D’omme, ung dyable lui sourvenoit.
Puis ung chascun s’en revenoit
Comme vent sur son bastonchiel :
Telle puissance lui donnoit
Sathan, ce mauvais larronchiel.
Item, la vielle nous conta
Que, quant au dyable hommage fit,
Ung oingnement [onguent] luy aporta
De diverses poisons confit,
Dont elle maint homme desfit
Depuis, encores plus de cent,
Et affola [blessa] et contrefit [estropia]
Maint bel et plaisant innocent.
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Relire :
https://www.marianne.net/societe/laicite-et-religions/du-feminin-sacre-aux-pseudo-medecines-comment-les-sorcieres-ont-usurpe-le-feminisme
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