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Bien interpréter le résultat du référendum de 2005. Éric Ze | Le Parti des Européens

Bien interpréter le résultat du référendum de 2005.

Éric Zemmour revient régulièrement sur le référendum portant sur l’avenir de l’UE (2005) perdu par Jacques Chirac et refusé par près de 55% des Français, accusant Nicolas Sarkozy d’avoir trahi le vote des citoyens en faisant voter par les parlementaires le Traité de Lisbonne (2007).

Ce que le TCE ou « Traité établissant une constitution pour l’Europe » n’était pas :

une constitution européenne, puisqu’il n’avait pas pour résultat de doter l’Europe d’un Etat

un texte fondateur d’une souveraineté politique européenne, car en réalité un traité (de plus) entre États souverains

L’objectif de ce nouveau traité était de faire la synthèse des traités antérieurs (depuis le Traité de Rome de 1957) et de s’adapter à l’arrivée de dix nouveaux états membres d’Europe centrale. Il n’y avait là aucun enjeu politique. C’est pour plaire à Giscard qu’une pseudo-convention pseudo-européenne fut mise en place et accoucha d’un traité qualifié abusivement de « constitutionnel » et qui n’apportait aucune plus-value, aucune innovation. Rien n’obligeait pourtant Jacques Chirac à proposer un référendum sur un texte technique, peu lisible.

Le vote des Français, et je le dis d’autant plus facilement que, européiste authentique, j’avais aussi voté non à ce traité, s’explique par une campagne énergique des opposants, divisant même le Parti Socialiste en deux, ce qu’on peut qualifier de « revanche de Maastricht ». Des sujets extérieurs au traité lui-même ont été largement exploités : ouverture des pourparlers d’adhésion de la Turquie (avril 2005) à l’Union Européenne ; fameuse directive « Bolkestein » sur le travail délocalisé au sein de l’UE, ce qui affola les milieux populaires ; campagne gouvernementale médiocre en faveur du texte menée par un Jacques Chirac usé par dix ans de présidence.

Sur le plan symbolique, la signature incongrue de la Turquie, associée à ce texte, ne pouvait que mettre le feu aux poudres. Il est évident en revanche que très peu de Français ont voté non en raison de la pseudo-constitutionnalisation des symboles de l’UE (drapeau, hymne, devise) et que ce n’est pas par un regain de souverainisme (électoralement marginal) qu’ils ont manifesté leur rejet.

Nicolas Sarkozy a été certes très critiquable pendant son quinquennat, ayant déçu les classes populaires en renonçant à son programme sécuritaire qui lui avait permis pourtant de marginaliser un Jean-Marie Le Pen peu inspiré, mais peut-on l’accuser d’avoir trahi le vote des Français ?

En premier lieu, les raisons objectives d’une adaptation des traités en vigueur étaient toujours présentes. Nicolas Sarkozy annonça donc la mise en place d’un « mini-traité » pendant sa campagne électorale. Ce mini-traité a abouti en réalité à un macro-traité, celui de Lisbonne, qui reprenait les traités antérieurs, tout comme l’aurait fait le TCE. Mais il y avait de grosses différences entre le TCE et le Traité de Lisbonne qui démontrent la prise en compte des résultats du référendum.

En effet, tous les aspects pseudo-constitutionnels du TCE ont été retirés du Traité de Lisbonne. La question de la Turquie fut mise de côté par un président Sarkozy annonçant refuser son adhésion et suspendre le processus. Et un article 50, sans lequel le Brexit n’aurait pu avoir lieu, une concession donc évidente aux souverainistes, a été ajouté. Cela démontre que Sarkozy a respecté dans l’esprit, si pas dans la forme, la décision des électeurs.

L’argument d’Éric Zemmour qui, bien qu’il ait fait un bilan critique lucide du séguinisme dans son dernier ouvrage, s’inscrit dans la nostalgie de la campagne référendaire (perdue) de 1992. Le « oui » ne l’avait emporté de justesse que par la volonté d’un François Mitterrand malade mais dominateur face à Philippe Séguin en débat.