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Entretien avec Nicolas Legendre (auteur de 'Silence dans les c | French Whistleblowers

Entretien avec Nicolas Legendre (auteur de "Silence dans les champs") : «En Bretagne, il y a des collusions entre maires, agro-industrie et partis politiques»

Extraits :

La «révolution productiviste» des années 60 est l’aboutissement autant que le début de qq chose

Ce qui se met en place n’est absolument pas conventionnel, au sens où cette agriculture pétrochimique, complètement mécanisée, avec tjs moins de main-d’œuvre ne relève pas du bon sens paysan

La Bretagne est un cas d’école, où l’on peut observer la façon dont le tsunami agro-industriel transforme les lieux et les âmes, comment il bouleverse les paysages physiques et mentaux

Dans le monde agricole français, la FNSEA est hégémonique. Elle a lgtps été l’unique interlocutrice de l’État et son leitmotiv est de dire : «L’agriculture, les paysans, le monde rural, c’est nous»

La FNSEA a joué un rôle majeur pour encadrer le monde paysan, mais aussi parfois le mystifier. Elle fait croire que les paysans sont tous ensemble alors que certains bénéficient bcp plus du système que d’autres

À partir du moment où le syndicat prône depuis très lgtps la diminution du nbre de paysans, il prône finalement la disparition de ses propres troupes. Il faut donc s’interroger sur le fonctionnement et les objectifs de ce syndicat. Qui et quoi représente-t-il ? Pourquoi est-ce qu’il est dominant ? Parce qu’à mon sens, les règles sont faussées, il représente des intérêts particuliers et pas les intérêts de tous ses membres

À partir des années 60, la cogestion des questions agricoles se met en place entre l’État et FNSEA, dans une sorte de binôme exclusif. En Bretagne, il y a des collusions entre les maires, l’agro-industrie et les partis politiques, en particulier avec le RPR qui a longtemps dirigé la région. Mais quand le PS arrive au pouvoir, au début des années 80, cela ne change pas grand-chose

Personne n’a vraiment envie de changer le système. Mais en même temps, il faut procéder à certains ajustements parce qu’il y a trop de nitrates, trop d’odeurs, trop de pesticides, trop de tout. À partir des années 80, l’État entre dans un mode de fonctionnement illisible pour un certain nbre d’agriculteurs. D’un côté, il impose des ajustements, mais de l’autre, il n’est pas question d’abandonner la course mondiale

La peur de la jacquerie est très forte. Et on peut comprendre quand on regarde toutes les violences qui ont été commises par des agriculteurs : attaques de policiers, assaut d’une prison, séquestration de gendarmes, attaque de préfecture, sans parler des remorques de lisier épandues sur la voie publique et des visites de bureaux d’élus. Un militant écolo ferait aujourd’hui le 10ème de ce qui a été fait par les agriculteurs bretons, on en parlerait pdt une semaine sur les chaînes d’info continue et le ministre de l’Intérieur débarquerait avec des 10aines de camions de CRS

L’apogée a été les Bonnets rouges dans les années 2010, avec les portiques écotaxe qui ont été brûlés. Après cela, le «système» a changé de tactique, avec une logique de lobbying très fine via l’asso Agriculteurs de Bretagne notamment. Ils ont remplacé la guerre avec les tracteurs par les jeux d’influence, et c’est au moins aussi efficace

Avant les années 2000, les bios étaient conspués ou ignorés. Mais finalement, les capitaines de l’agro-industrie se rendent compte que le bio, ça marche, qu’il y a une vraie pertinence agronomique et que cela répond à un certain nbre de problèmes environnementaux. Une nouvelle mythologie se met en place, brillante : le bio est une niche importante

Mais cela doit rester une niche. Ça convient très bien au système que le bio reste à 10 %. Ça permet à la grande distribution de faire des marges, à la FNSEA de donner des gages aux écolos sans changer grand-chose, et aux industriels de continuer à vendre des pesticides

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